La voix de l’intuition

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L’intuition c’est la voix de l’inconscient qui arrivant momentanément à se hisser au-dessus du mental arrive enfin à se faire entendre. Elle n’a rien de rationnelle, d’argumenté, c’est une impression fugace, une sorte de doigt divin pointant dans la « bonne » direction. Si certains comme Daniel Kahneman, le lauréat d’un prix Nobel en économie, la voient comme le fruit d’expérience et de compétences passées en pilote automatique, dans cet article on va plutôt s’intéresser aux fulgurances qui dépassent nos techniques et nos compétences. Cette intuition qui vous pointe la bonne porte alors que rien ne vous renseigne sur ce qui peut se terrer derrière.

Une telle vision est une injure à une vision rationaliste et purement matérialiste du monde qui est d’avis qu’on ne perçoit rien au-delà de nos cinq sens. Mais cette idée n’est pas si saugrenue quand on voit le comportement des oiseaux migrateurs par exemple. On capte bien plus qu’on ne le pense, et pour éviter toute saturation certaines instances de notre corps font le tri pour voir ce qui pourra rentrer dans le champ de notre conscience, et ce qui sera laissé de côté (comme par exemple les sons et sensations de nos battements cardiaques).

On a tous eu dans notre vie des fulgurances, des moments où on savait… on ne savait pas vraiment pourquoi ou comment on savait mais on savait. Le problème c’est qu’on a eu aussi dans notre vie des moments où nos convictions étaient complètement fausses. Ce qui a pu donner un coup frein à notre mégalomanie et nos convictions d’omniscience, ce qui n’est peut-être pas plus mal

Qui me parle ?

Notre corps et notre esprit ne cessent de nous dire des choses. Milles voix contradictoires se ressemblant souvent trop pour qu’on puisse les différencier. Certaines sont fiables, d’autres non, d’autres offrent de bons conseils du moment qu’on n’est pas dans un de leurs angles morts. Nous sommes traversés par toute sortes de sensations et nous avons parfois du mal à les différencier, nous sommes étrangers en notre propre pays, incapable de comprendre la langue qui est parlée. Toujours capté par un monde extérieur trépidant, ou tout simplement découragé par certaines injonctions reçues tôt dans notre vie, nous n’avons pas appris à nous écouter.

Méthode sandra Ingerman

Dans son livre « soul retrieval », la shamane donne une méthode simple pour poser des questions à son intuition. Plutôt que d’imposer à l’inconscient une manière de s’exprimer comme on le verra plus tard avec les tests kinésiologues ou le pendule, elle préfère que la personne sente comment ça s’exprime naturellement dans son corps.

L’idée est la suivante : après s’être détendu un moment, chercher quelque chose que vous aimez de manière entière (comme le bon vin ou un bon calandos) et dites « j’aime … » et vous êtes attentifs aux sensations alors que vous le dites et dans la minute qui suis, explorer votre corps avec votre conscience. Vous pouvez répéter votre déclaration d’amour plusieurs fois à mesure que vous continuez votre exploration. Vous avez ainsi pu repérer la sensation d’alignement/de congruence. Après vous être dégourdi un peu et vous êtes changé les idées, affirmez maintenant le contraire, par exemple « je déteste le bon vin » et de nouveau explorer votre corps et ses sensations, pour voir à quoi ressemble le mensonge / l’absence d’alignement.

Devant une hésitation, pour utiliser votre intuition dire sans utiliser de négation un des choix possibles et prenez le temps d’explorer votre corps pour voir si vous y trouvez les signes de congruence ou de manque d’alignement.   

Le plus gros des obstacles

Notre intuition qu’on la sollicite ou non ne cherche pas à nous faire plaisir, ou à nous rendre consensuel ou même populaire, ce qui fait souvent on va l’ignorer ou la faire taire. C’est le genre de coup sur la tête qui font que la petite voix devient souvent inaudible. Pour l’entendre de nouveau il y a la nécessité de créer d’un espace d’écoute et de respect. Vous n’êtes pas obligé de suivre aveuglément la première idée qui vous passe par la tête, mais l’entendre et la respecter me semblent être un minimum.

 Les informations captées sont synthétisées pondérées selon nos valeurs (qu’elles soient conscientes ou non) et on alors une petite fulgurance. Si on discute avec dix personnes prix au hasard de politique, tout le monde a un avis, le bon avis et il y a de fortes chances qu’ils ne coïncident pas avec le nôtre. Des sommités en médecines pourront avoir des analyses diamétralement opposées, et autant scientifiques soient-ils, ne trouveront pas moyen de s’entendre et se traiteront mutuellement de charlatan. Et ça ce sont des exemples sur des avis basés sur des faits avérés. A cause de valeurs différentes, et des aveuglements qui vont de pair on finit par être persuadés de conclusions très différentes. Imaginez le carnage quand une personne partage avec une autre une conviction intime basée sur une intuition. Si l’autre n’est pas d’accord, l’échange risque de ne pas être très agréable pour celui qui n’aura d’autre argument que « j’ai un feeling ! ».

Généralement pour les questions les plus évidentes on se passe d’intuition, le bon sens fait l’affaire, mais pour celles qui sont plus complexe, on va avoir dû pour et du contre, et souvent les arguments n’ont pas le même poids. Ce qui doit nous amener à nous demander qu’est ce qui est important pour nous. Nos priorités ne sont pas gravées dans la pierre, elles fluctuent avec le temps et l’humeur. Si devant deux plats on se demande lequel est le meilleur pour nous… On se tire royalement une balle dans le pied en se posant une question extrêmement vague. Meilleur sur quel plan ? le plaisir à le manger ? la facilité qu’on aura à le digérer ? pour notre ligne ? Les questions et objections qu’il risque de susciter avec notre tablée. Des fois le steak frite ketchup sera notre meilleure option, à d’autre repas, avec d’autres circonstances ça sera la pire. Notre intuition n’est pas dans le commerce des vérités universelles et indiscutables, c’est un instantané subjectif, reflet d’un alignement bien particulier. Toutes les questions et les facteurs que j’ai évoqués n’ont pas lieu d’être au moment de l’écoute, non, on peut y réfléchir bien en amont ou bien en aval, mais quand on écoute, on écoute. Qu’est-ce que je veux ? Qu’est-ce que je sens ? pas de bla bla bla.

Le fait de se les poser est toutefois primordiale, ne serait-ce que pour apprendre à se connaitre. Parce qu’à mon avis l’essentiel est là. On peut être tenté de développer notre intuition poussé par le désir d’avoir une sorte de super pouvoir, un avantage, mais celui-ci se développe lentement alors qu’on y voit de plus en plus clair sur ce que nous somme, nos mécaniques, nos pulsion… et pas juste en termes de connaissance articulée mais aussi le feeling qui va avec la vision d’ensemble qui dépasse les mots. Il y aura de plus en plus de place pour la voix de l’intuition dans notre vie alors qu’on apprendra à faire le ménage, calmer les autres voix du mental, quitter notre tête pour occuper notre corps et sentir ce qui s’y vit.

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