développement personnel

Joe Dispenza et le far west de la médecine holistique

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En dehors d’une prépa CAPES et d’un diplôme universitaire en informatique, techniquement mes études universitaires se sont arrêtées à la maitrise de maths appliquées (équivalent actuel du M1 en maths). J’ai arrêté mes études de physique et de chimie en math spé PC, et celle de biologie en terminale S. Tout ça ne fait pas de moi un scientifique ni même quelqu’un de particulièrement impressionné par ce domaine que beaucoup prennent pour parole d’évangile.

En mathématiques, on est souvent assez déconnecté du réel, dans un environnement virtuel où une rigueur implacable est appliquée. Une vérité mathématique fonctionne dans un cadre délimité parfaitement par une convention acceptée (axiomes de départ), et elle est définitive. Dans une semaine, comme dans un milliard d’années, sur cette planète comme à l’autre bout de la galaxie, elle sera toujours incontestable. Le reste pour moi c’est un peu de la blague question rigueur. La démarche scientifique est formidable, et de cet outil découle un nombre incalculable de merveilles qui nous rendent la vie tellement plus agréable à vivre. La science par contre c’est une autre affaire, c’est une religion comme une autre. Elle part d’un bon sentiment et de principes louables mais très rapidement ça a vrillé. Si elle n’a pas de pape, elle a une classe sacerdotale qui n’existe que dans la cooptation, et donc qui est susceptible de se compromettre pour faire perdurer leur position précaire. L’absolu s’acoquine avec le temporel (le pharmaceutique, le politique, …) , et les conflits d’intérêt sont nombreux.

Après la crise COVID, quelques soit votre opinion actuelle, on peut être d’accord sur le fait que de grands scientifiques se sont retrouvés incapables de se mettre d’accord. Des grands ont dit des bêtises, des minables ont des fois eu raison et vice versa. Il y a aussi le fait que les gens qui parlent au nom de la science, les « experts » des plateaux TV n’ont généralement rien de scientifique. Avoir lu vite fait un article ne fait pas de vous un scientifique. Répéter sans comprendre les tenants et aboutissants d’un de ce ces hommes de métiers ne fait pas de vous un des leurs. Et donc recracher le cours qui t’a été offert à la fac ne fait pas non plus de toi un scientifique, juste quelqu’un qui colporte le consensus du moment. Du coup entendre l’argument « c’est scientifique » me donne envie de fuir. Je me sens mal quand je vois des hommes de science prostituer leurs titres pour vendre leurs élucubrations sans doute sincères mais pas vraiment rationnelle.  

Je ne suis pas un adorateur de la science, par contre la technologie a le droit à tout mon respect et mon admiration. J’aime la méthode et les protocoles. J’aime pouvoir reproduire les choses par moi-même. Les gouter, en faire l’expérience.

Des histoires de miracles il y en a des tonnes, dans le contexte religieux comme ailleurs. Certes il y a des arnaques, et pas qu’un peu, mais il y a aussi toute une collection de faits indéniables qui défient notre entendement. Notre conception de ce qui est possible et de ce qui ne l’est pas. Le problème avec les miracles c’est leur caractère exceptionnel. Tout est possible, seulement , vraisemblablement pas pour vous. Désolé ! La science grande maitresse du statistique ne sait trop quoi faire de l’anecdotique. Elle traite ces miracles comme des anomalies, et ne les prends pas en compte dans ses calculs. Si on les considère comme une abération ça fait sens, si au contraire comme le début d’une nouvelle voie, les ignorer est criminel.

Quand j’ai commencé à entendre parler du docteur Joe Dispenza c’était au travers de vidéos YouTube de conférences, de podcast. Si j’ai pu être enthousiaste quand j’ai découvert les TED talk, j’ai rapidement déchanté en me rendant compte que c’était essentiellement de la poudre aux yeux, des jolies photos, des gens très classes dans l’assistance qui opinent du chef admirativement mais concrètement c’est creu, c’est du show à l’américaine, un teaser superficiel qui vend du rêve et si tu veux creuser tu te rends vite compte que la réalité derrière les belles métaphores est soit très complexe soit moyennement crédible. C’est de la science idéale pour la pause café. Joe dispenza au travers de ses livres comme de ses conférences se bat pour rendre scientifiquement acceptable  les promesses du monde holistique. Il se pose en vulgarisateur et a permis à bon nombre d’idées auxquelles j’adhère de se répandre chez les « normaux ». Toute fois, ça ne m’a pas vraiment emballé et après avoir lu quelques chapitres de son livre « devenir super-conscient » il y a trois ans, je suis vite passé à autre chose.   

Il y a deux jours je cherchais un podcast à écouter durant une de mes marches et j’ai trouvé un épisode de tegrammaton où l’invité était Joe Dispenza.  (https://www.youtube.com/watch?v=2VgWm2U7iJI ) Tegrammaton c’est le podcast de Rick Rubin un producteur mythique de musique qui a travaillé entre autre avec Run Dmc, Nine Inch Nails, Slayer, les Red Hot Chili Peppers, Jay Z … L’invité de l’épisode était Joe Dispenza, mais je me suis dit, si Rick l’a invité pourquoi pas. L’épisode était intéressant, notamment pour certains points.

Tel qu’il se présente, le Dr Dispenza a connu un terrible accident, qui lui a brisé six vertèbres. Cet accident aurait dû donner lieu à d’importantes opérations, à l’utilisation d’une bonne dizaine de tiges pour qu’elles puissent se réparer à peu près proprement, ça aurait dû aussi se solder par une perte conséquente et irrémédiables de sa mobilité. Il a choisi de faire autrement, et de contrôler le processus de réparation à l’aide de méditations visualisations poussées. C’est durant cette période qu’il s’est promis que s’il arrivait à s’en sortir, il consacrerait le reste de sa vie à étudier le lien entre l’esprit et le corps. Au bout de neuf semaines et demi de son programme intensif il était capable de marcher.

Que propose-t-il trente ans après ce miracle ? Des choses intéressantes mais pas très novatrices. En fait, quand j’ai écouté le podcast, en dehors de l’interaction entre la méditation et l’ADN (longueur des télomères, actions spécifiques sur certains gènes) j’avais déjà entendu tous les arguments et promesses en bien d’autres endroits. Toutefois le Docteur Dispenza propose ses recherches avec élégance et avec toute l’équipe travaillant avec lui sur ses recherches il dit apporter une « preuve » scientifique.

On a tous entendu parler des bienfaits de la méditation. Elle est connue pour ses effets régulateurs sur l’humeur, les émotions et le stress. On sait aussi grâce aux derniers développements de l’épigénétique que beaucoup de gènes problématiques ne s’expriment que si l’on est assez stressé, et que le stress étant une condition subjective, avec une bonne hygiène mentale on peut s’épargner bien des dégénérescences. Avoir l’esprit qui tourne autour d’offenses passées ou de peurs quant à l’avenir provoque des fois plus de de stress que si l’on est soumis concrètement aux problèmes imaginés. Nos marottes, nos croyances, notre philosophie de vie sont autant de filtres qui peuvent ruiner notre quiétude intérieure ou au contraire nous rendre légers et sereins.

Joe Dispenza et son équipe sont allés plus loin qu’une vague confirmation de ce bien être général qui est certes perceptible mais difficilement quantifiable. En faisant des bilans sanguins avant et après les séjours méditations ils ont pu mesurer concrètement les effets de ceux-ci. Ils ont essayé d’être plus spécifique et ont essayé de travailler sur des gènes précis, dont les vertus étaient établies. Ils ont aussi étudié les variations du microbiote intestinal.

Le docteur Dispenza sait utiliser l’effet de groupe, et le pouvoir de la foi. En confrontant les participants de ses stages aux nombreux excellents résultats passés et aux miracles observés dans d’autres conditions un peu partout dans le monde, il dissipe le doute, c’est possible, et de ce fait met de côté certains freins intérieurs qui peuvent s’opposer à l’efficacité de ses méditations. A l’aide d’exercices simples il en abat d’autre en montrant aux stagiaires qu’eux aussi ont du pouvoir sur leur état. Si on ajoute ça l’émulation du collectif de gens enthousiastes, les conditions réunies offrent un terreau idéal pour de nouveaux miracles.

J’ai pu écrire des articles sur la méditation et proposer sur ma chaine youtube des méditations guidées mais je suis assez ambivalent quant à cette pratique… car en fait je ne la pratique pas. Ça me coute trop d’effort pour finalement peu d’effets positifs observés. J’imagine que certains tempéraments sont mieux taillés que d’autre pour ce genre de pratique. Toutefois Je suis sorti du podcast très enthousiaste, ça me donnait des pistes pour retenter le coup mais de manière plus utile, au lieu de les faire pour la beauté du geste, si je pouvais obtenir quelque chose de concret et mesurable ça valait le coup. Pour me préparer mon petit protocole sur mesure, ayant horreur de la répétition j’ai voulu éviter de revenir sur l’épisode de Tetragrammaton encore frais dans mon esprit j’ai essayé de trouver des documents complémentaires au travers du site de l’auteur, d’autres vidéos de lui mais aussi en jetant un œil à ce qu’en pensait ses détracteurs et là ce fut la douche froide.

Ne trouvant pas de page Wikipedia pour Dispenza j’ai dû passer par sa page professionnelle pour me faire une idée de son parcours et c’est là que je me suis rendu compte qu’il n’était pas un docteur… ou en tout cas pas un docteur docteur, du genre de ceux qui vous collent un stéthoscope gelé sur la poitrine et vous font dire « 33 ». En France le terme de docteur fait référence à la réussite d’une thèse, et donc après sept ans d’études et de recherche on peut devenir un docteur en mathématiques comme en histoire ou économie. Si j’ai prêté une attention certaine à ce détail c’est que malgré des sentiments des fois très négatifs envers la médecine officielle (la puissance colossale de l’ordre des médecins et son utilisation contre les voix divergentes parmi les gens qu’il représente comme contre les approches alternative, collusion avec big pharma où les médecins finissent par être mis à jour par des entreprises dont il a été prouvé à maintes reprises qu’elle n’avait pas un très grand intérêt pour la santé et l’éthique, méconnaissance du sens des maladies, dérive du système de santé et généralement assez ambivalents, Médecin ça a du sens pour moi. Médecin c’est au moins dix ans d’études, avec une quantité colossale de théorie mais aussi beaucoup de pratique supervisée. C’est une analyse rigoureuse de la mécanique et de la chimie du corps humain et de son fonctionnement, c’est la pointe d’une science vieille de plusieurs milliers d’années et en perpétuelle évolution.  

Si je ne vais pas prendre pour argent comptant l’avis d’un médecin je vais toute fois le traiter avec respect et intérêt. Ce n’est pas l’avis du premier taré croisé dans la rue ou en ligne. Et là en regardant le site de Joe Dispenza j’ai vu qu’il n’était docteur qu’en chiropraxie, une technique holistique de santé où l’on résout toute sorte de problèmes fonctionnels en manipulant la colonne vertébrale et les articulations. Ah, c’était un peu décevant mais bon…. Et puis j’ai regardé la vidéo du youtubeur énervé et caustique Georg Rockall-Schmidt consacré au bon docteur Joe Dispenza : https://www.youtube.com/watch?v=OwIp0mbv3Gc. Là, j’ai appris qu’aux états unis on pouvait devenir docteur en chiropraxie en seulement trois ans. C’est enseigné en trois ans dans une école privée. Ouch. De là, le youtubeur a commencé à détruire la crédibilité de cette technique de soin puis de tout ce qu’on pourrait regrouper sous le terme d’approche holistiques (où le mental, l’émotionnel et l’énergétique ont autant d’importance si ce n’est plus que le physique). Pour lui c’est de la pseudo science pour gens crédules, pour pigeons désespérés de ne pas être entendu comme ils voudraient par les vrais docteurs. Pour illustrer son argument il prend l’exemple d’une personne persuadée d’être atteinte par la maladie de Lyme, et qui ne sera pas validée par son docteur et donc qui va se diriger vers un naturopathe qui va alors l’exploiter en lui vendant toute sorte de poudre de perlinpinpin. La maladie de Lyme, un sujet qui divise s’il en est. C’est un sujet autour duquel on trouvera beaucoup d’avis très tranchés comme celui du youtubeur, avis avalés et recrachés à l’envie sans véritable analyse ou réflexion. Les gens se contentent de répéter la parole d’une figure d’autorité qu’ils respectent et basta.

Derrière l’exemple emblématique de la maladie de Lyme, il y a tout de même quelque chose de très intéressants. Les médecins sont très forts et très performants sur tout un segment des pathologie possibles, ils savent les diagnostiquer et ils ont à leur disposition des drogues adaptées pour les traiter. Les gens prennent leur médicament et après un temps de convalescence plutôt court peuvent retrouver le monde du travail et continuer de contribuer. Quand l’ennemi n’est pas extérieur et clairement défini, pour les maladies chroniques, les maladies mentales, les maladies orphelines, … , c’est une autre paire de manche. Elle propose des soins souvent palliatifs et peu satisfaisants, des soins qui soulagent, qui masquent les symptômes, mais qui ne résolvent pas le fond du problème. C’est généralement pour ce genre de pathologie que des gens qui ont toujours travaillés exclusivement avec la médecine traditionnelle commencent à regarder ailleurs pour trouver des solutions. Et s’il y a d’importantes variations dans les compétences entre les médecins classiques, ils parlent le même langage, s’appuient sur les mêmes prémisses et la même science. Ce noyau dur a ses limites mais il offre rigueur, logique et sérieux.  Quand on s’aventure dans le monde du dehors, le monde des approches alternatives, on se retrouve au far west. Le bon, la brute et le truand, il y a vraiment de tout et les pièges sont nombreux.

Personnellement dès l’enfance j’ai consulté des médecins qui faisaient de l’acuponcture, des médecins qui faisaient de l’homéopathie puis après ces hommes à l’intersection des deux mondes j’ai aussi consulté durant l’adolescence des naturopathes, des ostéopathes, et j’ai pu voir des résultats marqués à certains moments, moins concluant à d’autre. J’ai pu voir que s’il y avait éventuellement des effets placébo ils n’avaient rien de systématiques. En entendant Georg Rockall-Schmidt mettre toute la médecine holistique dans le même sac, et les réduire à une arnaque pour débile, j’ai été tenté de jeter le bébé avec l’eau du bain comme j’ai pu le faire par le passé, j’ai été tenté de voir Joe Dispenza comme une victime collatérale d’une vieille guerre de religion, et de le voir au final valorisé par une telle attaque. Un martyr idéal.

Le truc c’est comme je le disait précédemment, dans la médecine holistique il y a, à mon avis, beaucoup de truands, beaucoup d’arnaques, et ça serait dommage d’occulter ces failles parce je suis en quelque sorte juge et parti dans cette guerre de clochers. Je pense qu’il vaut mieux juger un homme ou une approche sur la base de leurs propres mérites.

Comme j’ai pu le dire, le discours tenu par Dispenza dans le podcast n’avait rien de révolutionnaire, c’était même en quelque sorte une succession de lieux communs bien présentés et dont il disait avoir prouvé scéniquement.

Personnellement je n’aime pas trop le fonctionnement des publications scientifiques basée sur le peer review, et les nombreuses dérives qui leurs sont rattachées, surtout après le traitement dont Jaque bénéventiste a pu être l’objet dans l’une d’elle. Mais encore une fois, même s’il y a de la fraude et de la collusion, elles sont associées avec une certaine envie de sérieux. En cherchant les productions de ce bon docteur Joe Dispenza dans les magazines scientifiques je n’ai pas trouvé grand-chose, par contre ce que j’ai pu voir, c’est que beaucoup de choses dont il disait avoir prouvé l’efficacité avait été prouvé ailleurs. (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7431950/ , https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8139075/ ) Du coup il est très facile potentiellement pour lui de rajouter deux ou trois détails supplémentaires et de s’approprier les résultats durement et chèrement prouvés par d’autres. Georg Rockall-Schmidt développe un argument similaire dans sa vidéo.

Et s’il n’avait pas tant contribué que ça à la légitimisation scientifique de la méditation, et si en fait ce n’est qu’un bon vulgarisateur, un bon communiquant, un prédicateur, est ce que ça serait grave ? Il fait progresser notre cause, et c’est ce qui compte non ? S’il vend des livres au passage, tant mieux pour lui, non ?

Mais en fait il vend bien plus que des livres. Georg Rockall-Schmidt montre que Dispenza s’enrichit en proposant aussi sur son site toute une palanquée de Gadgets, par contre ce qu’il semble zapper c’est en fait pour moi l’aspect le plus important derrière tout ça. Ses livres sont sympas, ils développent et entretiennent la foi quant à la puissance du mental et des émotions sur la santé, et ils éduquent quant à l’hygiène mentale à développer pour évoluer le plus positivement possible, c’est chouette. Mais c’est aussi un leurre, Joe Dispenza c’est un empire, et les livres ça ne rapporte pas grand-chose en termes de droits d’auteur, par contre ce sont de formidables instruments de vente. Mais que vend il ? Où est l’argent ?

L’argent est comme pour la plupart des thérapeutes et des soignants, l’argent est dans la formation. Elle est dans l’évènementiel. Elle est dans le séminaire. Elle est dans les apparitions qui vont attirer les participants. Qu’est ce que Joe Dispenza vend dans les livres et les podcasts, il vends ses séminaires, il vend des retraites méditatives qui suivent ses protocoles. Et là ça devient très intéressant.

Vu comme il en parle dans ses livres et les vidéos, ces retraites sont tout bonnement magiques. Là des gens de tous horizons et certains sont bien portants d’autres non (cancers, maladies chroniques, …), voient en l’espace d’une semaine leur bien être connaitre une amélioration phénoménale. Et même si des fois la pathologie centrale n’est pas affectée comme on pourrait le souhaiter, ce qui se passe autour indiquent très clairement qu’en insistant on n’est pas loin d’y arriver.

Que la méditation soit guidée, vipassana ou en pleine conscience, elle court circuite le mental, c’est l’art de cesser de réfléchir. Et c’est donc un moyen formidable pour nous isoler de nos boucles négatives de pensée. En dehors des exercices de méditations, il y a toute sorte d’activité de symposiums et autres qui occupent et qui permettent de ressentir toute sorte d’émotions positives. Tous ces séminaires stages et autre, sont des exercices d’apnée mentale, dans le but avoué de vous mettre dans l’état le plus approprié pour guérir. Rien de neuf sous le soleil on retrouve ce genre de méthode dans beaucoup de séminaires de développement personnels, dans des séminaires spirituels new age, mais la phase séduction de bon nombre de sectes ressemble aussi à ça…

Il y a une belle émulation collective, un certain sens de camaraderies, qui regardé avec un œil très critique pourrait être apparenté à une sorte d’hystérie collective. Joe Dispenza est entre autre un hypnothérapeute certifié, et il sait très bien comment pousser les gens vers certains ressentis. Certaines personnes ne sont pas réceptives à tout ce cirque, ça a même tendance à les énerver. Des fortes personnalités ? Des gens à la contradictions facile ? En tout cas ça n’en fait pas des gens qui méritent d’aller aussi bien que les autres… et j’ai l’intuition que ça ne sera sans doute pas le cas pour elles, ou pas dans la même mesure. J’imagine qu’elles seront culpabilisées et qu’on leur dira qu’elles ne voulaient pas assez guérir… mais bon , spéculations, spéculations.

Pendant une semaine on tient le monde à distance, on vit une expérience forte et on sort de là en se sentant de manière formidable. Et puis on rentre chez soi. Et avec le retour à la réalité, il y a aussi celui des mauvaises pensées, et des problèmes de la vie qui n’ont pas disparu parcequ’on a décidé de regarder ailleurs pendant une semaine. Après une semaine de régime et une belle perte de poids boum nous voilà éjecté dans la planète fast food. Adieu cadre paradisiaque, adieu la compagnie des pairs, ces gens enthousiastes qui regardaient dans la même direction que vous et qui partageaient vos valeurs. C’est raide. Sans la protection du cadre idyllique ça va être dur de continuer sur la lancée du stage. Alors qu’est ce qui vous reste à faire, économiser et repartir ou rester et dépérir ?

Je suis d’avis qu’on est sur terre pour vivre la vie, la vraie, et que celle-ci ne se situe généralement pas au fond d’un ashram ou d’un complexe hôtelier à Maui. Vivre avec, vivre au milieu de, est un véritable challenge auquel on ne peut se soustraire. Toute notre vie, on apprend à faire avec. On apprend plus ou moins bien, avec plus ou moins de sérieux. Certains progressent, certains redoublent encore et encore, d’autre se désintègrent complètement. Pour moi la maladie est un coup de pied aux fesses au début (puis dans le ventre et dans la tête, si on cherche à l’ignorer un peu trop longtemps) qui nous pousse hors de notre routine, et nous oblige du fait de ce décalage à revoir différemment nos habitudes, nos croyances etc. Je suis d’accord avec Dispenza la gestion émotionnelle et mentale est d’une très grande importance mais ce qui l’est tout autant c’est de se lancer dans la quête pour apprendre à connaitre et apprivoiser le mal qui nous ronge, ce mal qui semble bien décidé à nous pourrir la vie si ce n’est à nous la ravir carrément.  C’est une quête de tout une vie qui nous permettra de devenir pleinement humain et non un automate aux reflexes conditionnés. Et ce chemin passe par l’éducation, l’éducation continue, l’éducation perpétuelle, et peut être que les livres, podcast, ou même séminaires de Joe Dispenza peuvent faire partie de ce cheminement, et ça peut être une très bonne chose du moment que ça n’est qu’une étape, un fragment d’une image bien plus grande encore.

Ce n’est que par la répétition du cycle (essai, erreur, et je tire des leçons de mes erreurs) qu’on peut sortir de la peur de tenter de nouvelles choses, et tenter de s’évader du pré carré dans lequel on semblait destiné à vivre et mourir. A travers ces cycles notre conscience, et notre vie peuvent connaitre l’expansion à laquelle nous aspirons tous à un niveau ou à un autre (à mon avis).  A travers ces cycles on devient autonomes, à travers leu répétition on peut se sortir des pensées sectaires qu’elles aient pignon sur rue ou qu’elles soient moins socialement acceptables. C’est avec ces cycles sans cesse renouvelés qu’on peut sortir de notre condition de victime passive de la vie dépendante d’autorités qu’on espère bienveillantes mais qui dans les rares cas où elles le sont, sont aussi tellement humaines et imparfaites, que l’autodéfense mentale s’impose.  

Kergot Julien

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