Men sana in corpore sano

5/5 - (2 votes)

Moi j’ai du mal quand une autorité vient me dire ce qui est bon pour moi, de manière générale mais plus particulièrement pour mon alimentation. La première fois où une telle figure m’a fait la leçon pour mon plus grand bien, ce fut une trahison. Vraisemblablement bien intentionnées, les institutrices de mon école primaires ont transmis ce qu’elles avaient appris. Sans vérification personnelle elles s’en sont remise à leurs propres autorités. Ce jour là, non seulement elles nous avaient transmis comme parole d’évangile la pyramide des aliments, cette grosse escroquerie poussée par l’industrie agroalimentaire, mais les commerciaux de chez Kellogs avaient fait le déplacement pour nous apprendre comment faire un bon petit déjeuner en nous offrant en classe lait et céréales sucrées. Plus tard j’ai développé un scepticisme par moment caricatural de ce qui m’était venu au nom de la science. Celle-ci même quand elle est rigoureuse a trop tendance à proposer des généralités déconnectées des réalités des utilisateurs : il y a une certaine alchimie entre les aliments et nos enzymes dans le chaudron qu’est notre estomac. A moins d’être de suivre rigoureusement un régime des plus artificiels, nos repas ne ressemblent en rien aux conditions étudiées dans les articles et livres dit scientifiques. J’avais lu de nombreux ouvrages sur l’horreur des hydrates de carbones et leurs conséquences délétères au travers du pique d’insuline qu’ils provoquaient invariablement. Ça a influencé durablement et problématiquement mes repas jusqu’à ce que j’apprenne qu’il suffisait d’un petit légume avant les pattes ou les patates pour aplatir considérablement la courbe de glycémie et donc toutes ces vilaines conséquences. Avoir la bonne information théorique est loin d’être évident, et en avoir une qui colle au fonctionnement unique de votre organisme l’est encore moins. En effet, en raison de notre génétique, et de notre flore intestinale tout aussi unique, nos besoins peuvent fluctuer amplement autour de la « norme ». Ah si seulement il y avait un moyen de savoir ce qui est bon pour moi ?

extrait de « La Méthode Glucose Goddess » de Jessie Inchauspé

Le marché des compléments alimentaires ne connait pas la crise. En France il représentait 2 milliards d’euros en 2020, d’après le SYNADIET (le Syndicat national des compléments alimentaires). Caracolant en tête des ventes : les produits minceur bien évidemment, mais aussi et surtout depuis la crise sanitaire COVID ceux qui promettent un boost de vitalité et de l’immunité. Il est facile de rire en voyant la quantité d’argent engloutit pour avoir la silhouette parfaite mais j’imagine que, question chiffre d’affaire, les pilules pour gérer la calvitie et les problème de virilité ne doivent pas être très loin derrière.

Quand on va sur site en ligne ou en regardant sur les étagères d’une grosse pharmacie bien achalandée il y a de quoi avoir le vertige devant l’offre, et sur les sites en ligne c’est encore plus impressionnant. Cherchez un produit basique comme la vitamine C ou le magnésium, entre les formes, les provenances, mais aussi toutes ces combinaisons avec d’autres substances bénéfiques il y a de quoi se sentir perdu. Chaque marque promet des miracles avec étude scientifiques à l’appui, ils ont le meilleur produit, celui qui nous faut.

Il en va de même aussi pour les livres écrits par des professionnels, qui peinent vraiment à accorder leurs violons. On croule sous les informations contradictoires.

Adolescent j’allais voir de temps en temps une naturopathe extraordinaire sur Marignane et j’ai pu voir mes parents se saigner aux quatre veines pour payer tous les compléments préscrits à leur famille nombreuse. La santé était non négociable. La santé était avant tout préventive, et je dois avouer que l’on était rarement malade et encore de manière très légère. Est-ce que c’est grâce aux aux prescriptions, à la nourriture saine, à la génétique, dur de dire. Quand on est dans le préventif, on n’est pas dans l’effet immédiat et facile à identifier qui, lui, est plutôt l’apanage de la médecine d’urgence des gens malades.

Ma naturopathe habitant loin de chez moi et demandant plus de six mois d’attente je suis passé à autre chose. Etudiant au budget limité j’ai voulu trouver ma propre voie, et faire mes expériences et surtout j’ai voulu économiser. Au travers d’une bonne hygiène de vie on se crée un capital santé qui peut endurer après l’arrêt des traitements ce qui peut inciter à penser qu’au final c’était de l’argent jeté par les fenêtres ou qu’on est un rien invulnérable… jusqu’au jour où l’on a dépensé tout notre capital et là, on se retrouve rattrapé par quelques vérités incontournables. J’ai pu faire cette expérience dans mon corps, une expérience dont il a été dur de tirer leçon. La maladie étant multifactorielle, et m’étant lourdement investi dans les approches psycho-énergétiques et spirituelles, vénérant l’esprit au-dessus de toute chose, revenir aux besoins du corps m’a carrément pris à rebrousse-poil.

Il faut avouer que sous l’égide de ma mère j’avais pris de très bonnes habitudes alimentaires et que cet aspect a considérablement retardé l’hémorragie de mon capital. Le problème des bonnes habitudes c’est qu’alors que le temps passe, que l’on passe d’un âge de la vie au suivant, que notre environnement de vie et de travail change nos besoins évoluent. Les bonnes habitudes d’un jour ne sont pas celle du suivant. Les signes accusant notre sortie de route s’accumulent, faut-il encore savoir les lire.

Nous ne sommes pas notre corps, nous sommes bien plus que ça, et pourtant nous somme aussi cela. Notre corps est notre base des opérations, c’est le socle sur lequel tout va s’appuyer. Aussi évolué spirituellement soyez-vous, vous ne pouvez pas tenir plus de quelques minutes avec la tête sous l’eau. Il y a des besoins fondamentaux à couvrir. Des besoins plus ou moins faciles à discerner. L’alimentation est un faux ami, on se rempli la panse et on a couvert nos besoins… en tout cas c’est ce qu’on pense. L’apport en calorie n’est pas tout. La qualité des aliments a évolué sans qu’on ne s’en rende compte à part en lisant des études scientifiques. L’agriculture intensive aidant, les sols se sont appauvris jusqu’au point ou tout notre cadi ressemble aux belles tomates importées en masse d’Espagne, des produits sans âme, sans gout, sans odeur et presque sans la moindre valeur nutritive.

Ce n’est pas juste nos aliments qui ont changé mais aussi nos habitudes, notre hygiène de vie, la quantité de stress à laquelle nous sommes soumis (au travail mais aussi dans nos loisirs, dans nos familles). Nos besoins ont évolué et peuvent être délirants par endroit.

Pour ce qui est des choses du corps, sur certains domaines comme les hormones et les neuro transmetteurs je suis au bout de mon champ d’expertise. Pour ma première séance avec ma neuro naturopathe il y avait moult questionnaires sur mes habitudes alimentaires, mon hygiène de vie, mon état général de santé physique comme mentale, rien de bien invasif mais ça peut être compliqué d’avouer la limite de ses connaissances, d’avouer faire sciemment des choses qui sont nocives (ah ces douceurs sucrées, que de plaisirs coupables !)  Suivant notre éducation on est plus ou moins avancé dans la course à l’hygiène de vie parfaite, et pour la naturopathe il est important de faire le point. Grace aux informations recueillies durant l’entretien elle a pu me rejoindre où j’étais dans quête et me guider vers la suite, la plus ou moins grande correction de trajectoire pour viser un fonctionnement optimal de mon corps.

Le « neuro » de neuro naturo, c’est une indication de ce qui va être central dans l’attention de la professionnelle, toute fois le système nerveux étant interconnecté avec le reste (immunité, digestion, cerveau, …) rien n’est négligé. Chose amusante, au centre du centre : les intestins, non pas le premier mais le second cerveau. Avec eux toutes les problématiques d’assimilations en quantité comme en qualité.

Devant l’offre pléthorique des compléments alimentaires, elle a joué carte sur table avec moi, elle est presque harcelée par les visiteurs médicaux qui dépensent une énergie considérable pour faire pencher la balance dans leur direction. Ils proposent des réductions, des formations, des petits repas, des échantillons gratuits, … C’est après à elle de faire preuve d’intégrité, et de voir suivant les informations glanées lors de l’entretien de voir quel est le produit le plus adapté. Elle doit faire preuve de discernement, mais elle a en plus un atout en poche. Diplômée en kinésiologie elle peut comparer la réaction du corps du patient à deux produits qui sont en apparence équivalents, et peut ainsi voir ce qui est le plus adapté pour lui maintenant. Le terrain, avec les renforcements aidant, va changer, et il faudra retester lors de la séance suivante pour voir si le meilleur produit d’alors reste celui d’aujourd’hui.

Bien sûr encore mieux que les tests kinésiologiques ou au pendule, il y a les effets du traitement, quand on voit ses effets positifs (ou pas) et marqués (ou pas). Seul souci, à moins de s’être longtemps laissé aller le retour à la rigueur et à l’équilibre n’a pas toujours des effets tonitruants. Des fois, c’est tellement lent qu’on ne perçoit pas l’évolution, et c’est là que les questionnaires de santé rédigés lors de la première consultation et lors du rendez vous pour faire le point et ajuster le traitement vont souvent vous étonner. Pour la plupart d’entre nous c’est tellement facile d’oublier nos agacements !

Leave a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *