Gregory Mutombo : Le feu de l’esprit.

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J’avais envie d’aimer ce livre. J’avais envie de pouvoir revenir sur les propos peu encourageant que j’avais tenu sur les deux jours de stage faits avec l’auteur et pendant les trois quart du livre j’ai vraiment cru qu’on allait pouvoir y arriver.
Certes dès les premières pages il y avait des propos sur lesquels mon esprit refusait d’accrocher. Fatigue ? Déficience cognitive ? Incident isolé ? J’ai persévéré et j’ai trouvé un certain plaisir à lire les premières parties du livre : « sortir de la grotte », « de l’idée d’être tout seul » et « la spiritualisation de l’égo ». En mode Rambo spirituel, l’auteur utilise de très courts chapitres pour tailler un costar à l’égo, aux vieilles religions comme au nouvelles mouvances. Il se montre précis et incisif quand il s’attaque au « travail spirituel », aux « épreuves », etc. C’est un bon travail de synthèse de ce qu’il a pu dire jusque-là dans ses premières conférences disponibles sur Youtube, mais ce sont des choses qui doivent être écoutées encore et encore pour qu’elles pénètres l’esprit et lui donne un peu de clarté.
C’est un joli travail de destruction et mon petit côté punk a apprécié : vive le feu. Le problème c’est qu’une fois qu’on a tout réduit à un champ de ruine qu’est-ce qu’on fait ?
« L’ultime effort est de ne rien faire, mon petit padawan. 
– Oui mais, mec, là je suis dans un champ de ruine
– Sens l’amour, l’amour est partout. Il n’y a rien à faire tu es déjà divin, pas de ligne à traversé, tu es déjà arrivé.
– Mec, ça ne règle pas mon problème, où est ce que je dors ce soir ?
La lecture de la dernière partie du livre : « le feu de l’esprit » fort pénible pour moi. Tous les mauvais moments qui avaient précédés mais qui avaient été noyés dans autant de phrases claires sont remontés à la surface. J’imagine que la réception de cette partie doit dépendre de la personnalité du lecteur, mais pour moi ça n’est vraiment pas passé. J’ai trouvé ça extrêmement vague, pleins de jolis mots, ça sonne poétique… l’auteur fait de belle bulles de savons mais au final en ce qui me concerne c’est du vent. Pour illustrer mon propos voici deux exemples 
(P278) 
« La notion d’absolu n’existe que par rapport à celle de relatif.
La quête d’absolu en tant que motivation intrinsèque d’une existence peut mener à une profonde déception s’il n’est pas vu que l’absolu contient tout et n’est donc pas ailleurs, ni plus haut, ni plus tard.(Ça veut dire quelque chose ? Quelque chose d’utile ?)
L’amour contient la haine, la joie contient la tristesse, la paix contient le chaos,…, et l’absolu contient le relatif. » (je veux bien qu’on élargisse le sens de certains mots, mais là on frise le délire)
(P284) 
« L’Esprit est origine. L’Esprit est pouvoir. L’Esprit est vibration. L’Esprit est puissance. S’unir avec l’Esprit est s’unir avec ce qui contient. Nul effort n’est à fournir en ce but. Il n’y a qu’à accepter son existence partout ou régnait l’idée de séparation et de solitude.
Ok, pour le début ça sent la reprise de « je suis l’alpha et l’oméga » de YHVH produit par Jean pour son album « Apocalypse »… pourquoi pas, un classique reste un classique, le souci c’est qu’il s’est écoulé deux millénaires entre les deux versions, et que le petit Gregory n’apporte pas grand-chose au propos, en fait c’est même le contraire (donner trois exemples pour caractériser un groupe et proposer ça comme autant d’équivalences, j’ai les yeux qui saignent). Ce n’est pas rédhibitoire, on ne va pas le noyer pour ça. Pour la suite par contre, la fameuse union avec l’esprit, on retombe dans le problème de la conférence (voir article) si les conseils donnés peuvent être des conditions nécessaires, elles ne sont en rien suffisante. Non, ne rien faire, étendre sa conscience et sentir à quel point on est lié à tout, désolé, mais ça ne marche pas pour moi.
J’ai bien conscience que c’est très subjectif tout ça, personnellement des que le langage se fait vague  et général je décroche complètement. Pour moi ça n’a pas de sens, ou en fait ça a le sens que tu veux bien mettre derrière. C’est un discours de politicien et de manipulateur. On te tend un miroir et finalement tu finis par ne voir que toi-même et tes croyances (si tu es d’humeur coopérative).
C’est subjectif, mais franchement ? L’Esprit est origine… Franchement… Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Ce qui m’amène à mon dernier point : langage et contexte. Ce qui permet de faire sens de ces mots brouettes (des mots vides dans lesquels on peut mettre un peu ce qu’on veut), c’est l’utilisation colloquiale, celle que « tout le monde utilise tous les jours » et dans ce livre ça dérape complètement. L’amour dont on parle dans ce livre ce n’est pas l’amour de la petite copine ou des spaghettis, c’est un amour spirituel, et il en va de même pour une poignée de concept. Personnellement ça me chiffonne un peu, ça crée des chevauchements et des court-circuits dans mon esprit. On vit avant tout dans le monde réel et terre à terre, et si une perspective spirituelle donne du volume à l’ensemble et une certaine profondeur, notre conscience évolue généralement sur des strates profanes. On a généralement un travail, une relation de couple, des collègues, des courses, des tâches ménagères, le genre de choses pour lesquels l’unité avec l’univers n’est pas la solution immédiate. L’auteur en a conscience, et à plusieurs reprises, alors qu’il visite différents concepts spirituel il reconnait qu’il peut y avoir un monde entre sa version et celle qu’on rencontre au jour le jour. Des fois on ne peut pas répondre à une insulte, une agression, un vol ou pire par un sourire et en reconnaissant la divinité de l’autre et la manière dont il nous propose un miroir pour nos problèmes un brin refoulés. L’auteur le reconnait mais ne s’y attarde pas, il préfère repartir dans ses grands principes plutôt que de donner un exemple, ou quelque chose qui relève d’une méthode (qui, oui, à terme peut être limitante, mais qui est tellement bienvenue pour se mettre sur les rails)
Personnellement j’aurai préféré pour chaque petit chapitre, un mantra ou une petite maxime, une explication et un exemple concret. Me voyant écrire ça… je me dis que mon approche est très analytique, très cerveau gauche, et donc elle a un peu les caractéristiques de ce mental cet égo dont une des tâches les plus importantes est de remettre à sa place, le remettre au service de l’Esprit (mmmh, voilà qui est bien vague… un exemple ! un exemple !) et d’une certaine manière ce que je suis en train de faire correspond à un point qui revient au moins à deux reprises dans l’ouvrage. L’égo est très fort pour diviser, comparer, hiérarchiser, il est une belle scie, mais pour recoller il est pour le moins inopérant.
Donc voilà j’ai fait un ou deux tours sur moi-même, et me revoilà devant le même problème… ce feu de l’esprit, ce dernier quart du livre… et bien j’ai rien compris que je ne puisse utiliser concrètement. J’imagine que ça parlera à bien des gens mais pour moi, non je n’entends rien à l’approche de l’auteur. Peut-être qu’il me faudrait plutôt une métaphore, un conte, une belle histoire comme celle de Carlos Castanedas et de Don Juan.

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