Balade dans le monde des esprits, Partie II : désincarnés

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Au travers des séries, des films et de quelques livres l’idée de l’exorcisme musclé administré par un prêtre catholique à la pauvre victime d’une possession par un démon aussi puissant que coriace est bien installée dans notre culture. Dans la réalité, c’est sacrément moins impressionnant… Pas de lévitation, de discours délirants, de tête qui se retourne ou autre, un observateur extérieur pourrait douter de la réalité d’une telle pratique.

Encore une fois, métaphore ou réalité objective… je n’ai pas de preuve définitive pour trancher, tout ce que je sais c’est que les méthodes provoquent chez les patients passant par ce type de narration, des effets sensibles et largement encourageants.

Quel est le modèle ?

A la fin d’une vie, généralement l’âme du décédé, libérée de son corps peut aller vers la lumière qui lui permet d’accéder à une zone un rien nébuleuse car les patients n’en gardent pas de souvenir pendant un certain temps avant de décider de s’incarner de nouveau. Dans certains cas, elle ne réalise pas qu’elle est morte, ou elle a peur de ce qui l’attend de l’autre côté de la lumière, ou elle a des choses à régler sur terre (addiction, vengeance, protéger un être cher, …) et du coup elle se retrouve à errer sur terre privée de corps. De là son pouvoir d’action est plutôt limité et il arrive souvent qu’elle vienne parasiter une personne, que celle-ci l’ait invitée de manière plus ou moins directe et plus ou moins consciente (spirites, médiums, ados intéressé par l’occulte, …) soit de manière spontanée. A l’intérieur de la personne elle pourra ressentir les émotions de son hôte, et pourra aussi éventuellement l’influencer de manière plus ou moins prononcée. L’entité peut rester jusqu’à la fin ou passer à un autre hôte plus appétissant.

En termes de tendance générale les entités tenteront de parasiter en priorité les personnes ayant des auras affaiblies. Ce phénomène peut être momentané comme c’est le cas lors de la consommation de drogue, d’alcool, de certains médicaments, parfois ça peut être un état plus chronique comme pour les personnes sujettes à des obsessions, ou ayant perdu en chemin des morceaux de leur âme (voir la partie III de l’article à ce sujet). Si elles ont la possibilité de se déplacer beaucoup d’entités ne le font pas ou très peu, et elles restent à hanter l’endroit où elles sont mortes, ou elles ont été enterrées, leur maison ou n’importe quel lieu les ayant marqué. Le fait d’être parasité affaiblit la personne et son aura et donc la rend plus vulnérables pour d’autres possessions.

Pour beaucoup d’âmes errantes le parasitage est un crime d’opportunité, et il n’y a pas nécessairement d’intentions malveillantes… mais si elles étaient obsédées de leur vivant par certaines choses (tendances sexuelles, addictions, …) elles peuvent faire déraper complètement la personne occupée et la pousser à changer d’habitude pour leur donner satisfaction.

Selon les auteurs étudiés, les possessions sont fréquentes, mes même dans les cas les plus extrêmes le nombre d’entités reste faibles (moins de 100, voire moins de 50). Utilisant des méthodes de détection et de dégagement très différentes, j’arrive à des statistiques qui ne le sont pas moins. Dans certains cas, la quantité d’entité peut être colossale (on dépasse allégrement le million)   

Beaucoup de personne faisant des exorcismes, différencient les âmes désincarnées des forces maléfiques. Pour ce qui est de mon expérience, les âmes désincarnées si elles ne trouvent pas d’hôte rapidement après leur mort peuvent finir par dégénérer, oublier qui elles sont et même qu’elles ont été humaines, tout ce qu’il leur reste c’est leur peur ou leur rage. Elles s’assemblent alors en troupeau et peuvent envahir une personne de manière groupée. Partageant une obsession collective elles peuvent coller une idée fixe à la personne occupée. Elles ne sont pas spécialement difficiles à faire partir une fois qu’on a un peu de pratique. Pour ce qui est des démons, ces anges déchus dont parle la bible ils restent à la périphérie des livres écrits par des hypnothérapeutes que j’ai pu lire à ce sujet. Ils sont vaguement mentionnés mais n’apparaissent dans aucun des cas cliniques décrits. Personnellement j’ai l’impression qu’ils existent mais je n’en ai jamais croisé, à chaque fois que j’ai été confronté à des être très négatifs, leur origine humaine a fini par émerger.

Méthode d’exorcisme

Edith Fiore a pris l’habitude de créer des cassettes sur mesure pour permettre à ses clients de continuer à intégrer les bienfaits de l’hypnose à leur domicile. Généralement il y en avait une pour la relaxation les ressources et le bienêtre. Quand il était question de désenvoutement durant la séance elle en faisait généralement une autre à ce sujet, mais très générale, qui grosso modo invitait toutes les entités l’entendant de prendre conscience des personnes de leur vie passée venue les chercher et les guider à travers la lumière. Elle les invite à bien vouloir se diriger vers celle-ci et à en profiter pour quitter ce plan qui n’avait pas grand-chose d’intéressant pour elle pour se rendre vers un autre tellement plus plaisant. Généralement les entités désireuses de partir profitent de l’écoute d’une de ces bandes pour partir. Le problème c’est que beaucoup ne sont pas prête à franchir le pas. Il y a celles qui n’ont toujours pas compris qu’elles étaient mortes, il y a celles qui on peur des conséquences à payer pour toutes leurs exactions passées, il y a celles qui ne sont pas prêtes à quitter ce formidable véhicule leur permettant d’assouvir toutes leurs compulsions. Pour celles-là un travail individualisé de négociation sera nécessaire.

 Sous hypnose, une fois qu’elle a été appelée l’entité parle à travers la bouche du patient, et d’une certaine manière elle devient l’objet de la thérapie. Quelles que soient les conséquences négatives qu’elle ait pu engendrer sur la vie du patient, on la considère comme un être en souffrance et le but du travail est de lui permettre de trouver de la paix, une forme d’acceptation de sa situation et d’aller de l’avant, c’est-à-dire de s’engager dans l’étape naturelle de leur parcours : aller vers la lumière. Pour avoir envahi le client elles ont trouvé un port d’attache avec une familiarité confortable, et le saut dans l’inconnu perd en désirabilité. Des fois on peut leur proposer de s’approcher de la lumière et de voir quel effet ça peut avoir, de tenter d’y aller en sachant qu’ils pourront revenir. Des fois, pour les entités provenant de personnes mortes faible / en souffrance / pas entière, il peut être intéressant de leur rappeler que de l’autre côté de leur lumière ils vont retrouver une forme optimale. Tout ce processus doit à mon avis être mené avec amour et bienveillance, le problème c’est qu’on est humain et que certaines résistances peuvent être particulièrement irritante, elles peuvent mettre le thérapeute en échec. Celui-ci devra être particulièrement vigilant à faire passer le respect de l’écologie du patient avant son égo froissé et les désirs de toutes puissances qui ont tendance à se cacher au fond de leur être comme dans le fond de chaque autre personne humaine.  

Le problème avec cette approche, en dehors de son aspect particulièrement chronophage, c’est qu’on n’a pas de garantie que l’entité soit réellement partie de l’autre côté, et il arrive de temps en temps qu’elles aient juste feinté le thérapeute pour avoir la paix puis qu’elles reviennent occuper le patient et qu’elles essayent même de rattraper le temps perdu. A titre personnel, je trouve qu’il est largement plus efficace de laisser les esprits se charger des esprits, et de demander au moi supérieur de l’entité ou à ses guides de lui expliquer qui elle est (une âme immortelle, qui a tant vécu et qui a encore tant à vivre), qu’elle est déjà passé au-delà de la lumière un grand nombre de fois, et de faire le reste du travail de négociation puis de faire un signal (préalablement convenu c’est mieux) pour signifier le passage définitif de l’entité de l’autre côté). C’est tellement plus rapide. Si le thérapeute est aussi médium, l’intégralité de la recherche et de l’exorcisme peut être fait en communiquant avec les mois supérieurs du client et des entités à évacuer.  

Erreur d’interprétation

Souvent en séance on croira faire une régression vers une vie antérieur du client pour se rendre compte que ce qui est raconté n’est autre que la vie d’une entité ayant pris le devant de la scène durant le travail thérapeutique. En cas de doute il peut être intéressant de demander à faire avancer l’histoire jusqu’au moment de la mort et de vérifier que le narrateur à bien transitionné. Si le souvenir d’un tel évènement lui échappe on demandera alors qu’est-ce qu’il a fait depuis la scène du trépas et quand (et pourquoi) est ce qu’il a rejoint le patient.

Connexion avec le travail des parties (différence de taille)

Généralement quand on travail régulièrement avec l’hypnose, on se forme à un moment ou à un autre au travail avec les parties (ça fait même partie des premières leçons des formations en hypnose Ericksonnienne). Le principe est le suivant : le moi/ego est fragmenté en une foule de processus autonomes, qui peuvent finir par s’opposer les uns aux autres et ainsi provoquer bien des problèmes pour le patient.

Certaines parties sont vraiment pénibles mais au fond, si on creuse suffisamment longtemps on se rend compte qu’elles veulent toutes le bonheur du client. Elles sont des parties de celui-ci et donc tout refoulement est mal avisé et toute destruction est impossible.  

Le travail du thérapeute sera alors de leur donner la parole et les aider à trouver un moyen de fonctionner en bonne harmonie plutôt que s’auto saboter. Le client leur donnera une voix, et suivant les interprétations on pourra voir ça comme un anthropomorphisme, comme une métaphore efficace connectant à des fonctionnements inconscients dont la nature et l’ampleur nous dépassent.

Une chose est sûre ce paradigme a bien du mal à s’accommoder avec le travail hypno ésotérique. Dans l’un toutes partie s’exprimant doit trouver sa place avec l’aide du thérapeute, dans l’autre certaines parties sont jugées étrangères et sont menées vers la porte de sortie. Est-ce que le choix d’un paradigme parle plus des modèles du monde et de l’orientation (morale, religieuse, politique) des acteurs du processus thérapeutique que de la réalité psychologique du patient ?

Du point de vue de la théorie des parties on pourrait voir les désincarnés comme des parties tellement incompatibles avec la majorité sortante qu’elles sont plus que refoulées. Il y a clivage et dissociation. Coupées du reste elles peuvent gagner en autonomies et sans harmonie possible finir par se comporter comme des terroristes.

Du côté ésotérique on pourrait dire que le désincarné en allant vers la lumière, retourne à l’unité indifférenciée et finit toujours à un moment ou à un autre à revenir sur terre sous une autre identité. Dans le cosmos du patient, une fois celui-ci élargit, ça veut dire qu’il n’y a pas de destruction, mais intégration et recyclage des processus et des énergies.

Remarque finale

Il est intéressant de noter qu’à titre d’expérience personnelle, aucune de mes régressions hypnotiques ou autres travaux énergétiques ne sont allés spontanément dans des directions ésotériques avant que, lectures aidantes, ce modèle du monde s’intègre dans ma vision de celui-ci. Je pense qu’en dehors de l’aspect intuitif qui nous mène vers des partenaires confirmant globalement nos croyances et nous poussant là où nous avons besoin de l’être, lors d’une relation thérapeutique il y a une danse entre le soignant et le soigné, une création partagée qui contient un peu du monde de chacun des partenaires.

Pour aller plus loin :

Le classique d’edith fiore

Sur l’utilisation classique de l’hypnose pour réconcillier les parties

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